Humeur du jour : le bout du chemin peut être long - Virginie Dardenne - Blog personnel
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Humeur du jour : le bout du chemin peut être long

Je vous partage de temps en temps mon humeur, peut-être parce qu’il y a un « trop » plein à l’intérieur de moi et qu’il doit s’exprimer.

En ce moment, j’ai justement un « trop » plein, même si mon entourage me trouve assez calme par rapport à ma situation actuelle. Un « trop » plein de papiers, un « trop » plein de devoir prouver à une administration que je suis en règle, un « trop » plein de se plier à des conditions qui ne sont pas toujours dans le respect de l’être humain, un « trop » plein de voir comment on traite le sujet de l’immigration dans les campagnes électorales. Je finis par être triste et en colère de voir que l’humanité s’éteint quand ce sujet est abordé.

Ce qui me fait écrire ces lignes aujourd’hui, c’est que j’ai lu un énième article dans un journal du Québec racontant la situation d’un médecin. Pour rappel un médecin est une personne ayant fait un certain nombre d’études et dont la société actuelle a grandement besoin surtout dans une région où il existe des pénuries de main-d’oeuvre. Ce médecin français a fait sa demande de résidence au Canada en juillet 2017, deux ans plus tard il n’a toujours rien et se retrouve en « statut implicite ». Comprenez = sans papiers !

Pourquoi je vous partage ça. Je suis dans la même situation que lui, d’ici quelques jours je vais me retrouver en « statut implicite » car les procédures d’immigration se sont rallongées depuis quelques années. Il y a 10 ans en arrière cela prenait 6 mois pour avoir un statut de résident permanent, aujourd’hui il faut compter un minimum de 23 mois et les délais se rallongent de jour en jour. Durant un statut implicite, nous ne sommes pas autorisés à quitter le territoire car nous perdons nos droits. Durant cette période, il faut donc espérer qu’il n’arrive rien à nos proches rester au pays car nous n’aurons pas la possibilité de rentrer. Ou du moins si on le fait = le retour sera bien plus compliqué. Je vous rassure quand même je ne vais pas passer 23 mois en statut implicite. Ma situation est un « petit peu » plus complexe que ça mais de sûr je vais devoir attendre un nouveau visa durant au minimum 4 mois.

Je suis tannée de me battre avec des lois qui changent tous les 6 mois car un nouveau gouvernement est en place. Une fois on préfère faire l’option sur de l’immigration sélective et puis finalement non on ouvre les portes puis de nouveau sélective et ainsi de suite. Mon regard sur l’immigration a profondément changé depuis ses 2 dernières années. Jamais je n’aurais envisagé vouloir m’installer de manière durable dans un pays qui ne m’a pas vu naître. Aujourd’hui, je sais que je suis « chez moi » mais pour l’instant mon avenir ici est « incertain ».

J’aimerais réveiller les consciences sur le regard qu’à le monde sur « L’IMMIGRATION » ! Cheval de bataille de la plupart des campagnes électorales, l’immigration est souvent stigmatisée pour répondre à des problématiques de fonds que connaît un pays.

Mais est-ce que vous vous êtes déjà posé la question « Pourquoi immigrer ? ». Chaque cas est unique, chaque migrant à sa propre histoire, son propre parcours. Bien souvent c’est pour espérer vivre « plus heureux » car le pays qui les a vus naître ne leur donne pas cette chance = d’être heureux. Posez-vous la question : si demain je dois fuir ma maison car une tempête arrive et que je sais que tout va être détruit sur son passage. Est-ce que vous n’aimeriez pas que votre voisin vous ouvre la porte pour vous sauver la vie ? Est-ce que avant d’ouvrir la porte ce voisin doit vous faire passer toute une série de tests pour vérifier que vous êtes en bonne santé ? Que vous avez travaillé 30h / semaine durant 12 mois ? Je ne suis pas contre l’idée d’avoir une série de tests avant de passer la porte mais si la tempête est là dans 2h mais que les tests durent 2j quelle autre option s’offre à vous ? Mourir ?

Et une fois la porte passée, est-ce qu’il faut lâcher la personne sans explication, livrer à elle-même ou bien l’accompagner pour qu’elle apprenne la vie dans cette nouvelle famille ? Je pense qu’il est primordial pour qu’une immigration fonctionne que les personnes accueillies soient accompagnées dans ce processus d’intégration. Tout le système change : les lois, l’éducation, la santé, le travail et j’en passe. Si personne ne vient vers vous pour vous expliquer et vous dire que vous êtes le ou la bienvenu.e comment est-il possible de s’intégrer ?

Rappelez-vous quand vous étiez petit.e. Ne vous est-il pas arrivé de vous retrouver à la rentrée scolaire et d’être séparé.e de votre meilleur.e ami.e ? Bim pas de chance, vous n’êtes pas dans la même classe ! Au début, vous êtes triste, en colère et puis à la fin de l’année vous aviez plein de nouveaux ami.e.s. Tout simplement parce que l’un de vos camarades de classe vous a fait rentrer dans son groupe ou que vous avez fait la démarche de vouloir vous adapter dans un nouveau groupe en apprenant de nouvelles règles.

Je suis triste et en colère de voir du racisme encore perduré dans notre société actuelle surtout quand on connaît l’urgence climatique que vit la planète. D’ici quelques années des milliers d’être humain vont devoir quitter leur toit faute de pouvoir rester dans leur pays d’origine. Car de plus en plus des perturbations climatiques vont les pousser à fuir. Si le racisme continu ces milliers de gens vont mourir. Le racisme n’est qu’une expression de notre peur : la peur qu’on nous vole notre travail, la peur qu’on nous vole notre territoire, la peur qu’on nous vole nos biens, etc. Et si la réponse à tout ça était l’intelligence collective est la construction d’un monde sans frontières. Construire un monde où des petites communautés verraient le jour un peu partout à travers la planète en unissant leurs forces. Un monde ou l’entraide, le respect et la collaboration serait au cœur du système. Ou les systèmes pyramidaux n’existeraient plus et ou le capitalisme serait un lointain souvenir.

Ne jugez pas un migrant sans vous êtes poser les questions : pourquoi il ou elle est parti.e ? Qu’est-ce que j’aurai fait à sa place ? En vous mettant dans la situation de l’autre ou du moins en prenant son angle de vue : vous aurez une autre vision du problème.

Ce texte a été une forme de thérapie pour sortir la tristesse et la colère qui est en moi par rapport à ma situation. Ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas seule, je ne suis pas un cas isolé et je me sens plus forte de savoir ça. Je suis partisane du : « si ça t’arrive ma fille, c’est que tu devais passer par cette étape pour grandir ». Je crois que oui : j’ai grandi. J’ai en tout cas changé mon regard sur « mon voisin/ma voisine ». J’ai changé mon regard sur l’immigration. J’ai changé mon regard sur la vie.

Prenez soin de vous, personne ne le fera à votre place.
#kerker #jepenseavous #jevousaime

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